Les Français libres : L'autre Résistance

Répondant à l’appel du général de Gaulle, environ 60 000 volontaires s’engagèrent dans les Forces françaises libres. De 1940 à 1945, sous l’uniforme à croix de Lorraine, ils combattirent sur tous les fronts et sous tous les climats : en Ethiopie, en Syrie, dans le désert libyen, de Bir Hakeim à El-Alamein, au Sahara, du Tchad au Fezzan, en Italie, en Normandie, à Paris, en Provence et en Alsace, mais aussi sur le front russe, dans le ciel d’Angleterre et d’Europe, sur les toutes les mers du globe et particulièrement dans les convois de l’Atlantique. Si la moitié de ces volontaires étaient des Français, souvent bretons, parisiens ou pieds-noirs, l’autre moitié était constituée d’étrangers (anciens républicains espagnols, antifascistes de toutes nationalités, y compris Italiens et Allemands), de juifs d’Europe centrale et d’Afrique du Nord, persécutés à des titres divers, et de soldats coloniaux venus des quatre coins de l’empire. En outre, plus de 2 000 femmes, qui pour la première fois en France recevaient un vrai statut militaire, s’intégraient à l’effectif. Il ne s’agit pas ici de retracer l’histoire de la France libre, mais plutôt d’évoquer le parcours de ces hommes et de ces femmes. Leur sociologie révèle ainsi le visage d’une France très singulière, au haut niveau social et culturel, au fort ancrage bourgeois et catholique, contestant la thèse de la « faillite des élites ». Les motivations de l’engagement soulignent la prégnance du patriotisme, mais révèlent aussi des logiques plus intimes où l’affectivité et les structures familiales ont leur part. La vie quotidienne des combattants est également retracée : leurs convictions, leurs joies, leurs peines, leurs souffrances sont évoquées, sans oublier l’évaluation délicate de leurs pertes. Enfin, l’ouvrage expose les destinées et la mémoire des Français libres après la guerre. On découvre alors quelle extraordinaire pépinière de talents politiques, administratifs, industriels et scientifiques cette petite troupe bigarrée constitua pour la France des Trente Glorieuses. Cependant, se révèlent aussi les limites d’une mémoire collective : depuis une vingtaine d’années, le souvenir des Français libres tend à s’effacer devant celui des résistants de l’intérieur. En définitive, ce sont les contours de cette « autre Résistance », extérieure et non pas enracinée dans le sol national, que cet ouvrage s’efforce de retracer.